GDT - Rocheuses canadiennes

Le Great Divide Trail (GDT) est un tracé qui, officiellement, s'étend sur 100km. Du moins pour la portion reconnue et maintenue par les Amis du Great Divide Trail, construite dans les années 70 et 80. Le tracé officieux, détaillé dans le guide de Dustin Lynx, est long de 1200km. Il chevauche la ligne de partage des eaux du continent nord-américain, qui sert aussi de délimitation entre les provinces canadiennes d'Alberta et Colombie Britanique, avec comme extrémité sud, le 49ième parallèle nord, là où commence le territoire américain et où s'arrête le Continental Divide Trail, et comme extrémité nord, le Lac Kakwa. Le fait que Parcs Canada ne le reconnaisse pas comme chemin de randonnée à part entière, comme le sont le PCT, le CDT ou l'AT aux USA, fait qu'il est relativement peu connu et du coup peu emprunté. Plus de tranquillité, une nature mieux préservée et la liberté de prendre des chemins alternatifs.

Le GDT est l'ensemble de plusieurs portions de sentiers mises bout à bout, traversant pas moins de six parcs nationaux, dont Banff, Kootenay, Yoho et Jasper, ainsi que sept parcs provinciaux, dont Peter Lougheed, Height of the Rockies, Mount Assiniboine et Mount Robson. Ralliant cols et vallées, donnant l'occasion de faire quelques sommets au passage, l'itinéraire évolue entre 1055m et 2590m, partagé entre forêts essentiellement de conifères et paysages alpins.

Et moi dans tout ça?

Irina est partie 4 mois en échange à Vancouver, et me voyant mal ne pas en profiter, j'ai aussi posé un mois de vacances, pour aller visiter le pays. Le GDT se trouvait être une bonne option dans les environs, pour allier voyage culturel et sportif.

Alors je vais aller me faire tout petit au milieu de cette nature et de ses habitants. Tout petit, pour admirer sa beauté sans la déranger, essayer de me faire adopter. J'ai fixé mon départ au 1er octobre. Je ne pouvais pas prendre de vacances avant, donc j'ai dû m'y résigner. L'avantage, c'est que les chemins sont déserts et les moustiques complètement absents; l'inconvénient, c'est qu'il fait froid, qu'il pleut et neige. De ce fait, ma décision a été de démarrer au nord, à Jasper, et descendre vers le sud jusqu'à Kananaskis Lake, soit environ 500km, en 20-25 jours.

Ma première grande randonnée seul. Qu'est-ce qui me pousse à faire ça? Prendre l'air, voir du paysage, découvrir les Rocheuses à l'automne, telles qu'on ne les voit pas dans les récits existants, me laisser impressionner par la taille de leurs contreforts et la rudesse de leurs sommets. Gagner en expérience, me confronter à des conditions difficiles, pour apprendre, évoluer, grandir, afin de pouvoir envisager des destinations plus exigeantes. Et libérer mon esprit, me concentrer sur les besoins essentiels de l'homme, effleurer la simplicité de vie qu'il a eu il y a des milliers d'années. Et prendre le temps. Le temps de repenser à ce qui compte pour moi, où je souhaite aller. Le temps de ne penser à rien, juste voir le chemin et les paysages, défiler sous mes pieds et devant mes yeux tout illuminés. Méditer tout en marchant, si on peut dire. Voilà ma motivation.

J'ai eu beaucoup de mal à obtenir des infos sur l'état de la montagne et des sentiers à cette saison là. Peu sont ceux qui traversent les Rocheuses et qui le font savoir, alors imaginez combien partent à l'automne... l'hiver même en fait là-bas. Mes appels aux bureaux des sentiers en ont étonné plus d'un, et les réponses que j'ai pu obtenir sur backpackinglight n'étaient pas très optimistes. Mais au final ça ne sonnait pas insurmontable, je suis quand même parti, plein d'enthousiasme mais sans grande ambition. Il y a des échappatoires tous les 30-40km. Je pars avec une liste hivernale, de quoi résister à -20°C la nuit, et j'irai jusqu'où je pourrai. Voilà mon itinéraire.

L'idée de ce récit, un peu comme tout ce que je raconte sur ce blog, n'est pas de montrer de quoi JE suis capable, mais plutôt, de montrer ce que TU serais capable de faire. Susciter l'envie de se lancer et donner des éléments de préparation pour envisager une telle aventure soi-même. Et accessoirement, partager mon vécu dans cette nature sauvage mais si belle...